vendredi 7 juin 2013

Chronique spéciale : L'Histoire sans fin



 Petite pause dans mes lectures habituelles. Voilà quelque chose que je voulais faire depuis un petit bout de temps : une analyse comparatiste entre un livre et son adaptation cinématographique. Beaucoup se plaignent que ça ne sert à rien, que ce sont deux choses différentes et que de toute façon le réalisateur est obligé de changer des éléments blablabla …
 Mise au point immédiate : Ce genre de chronique ne servira pas à dire qui du film ou du livre est le meilleur en se basant sur la fidélité au texte ou au degré d’excellence de l’adaptation, mais plutôt de voir comment le cinéma s’approprie une œuvre et la transforme, ce qu’il s’y trouve de bien et de mal, ce qu’on apprécie ou ce qui déplaît, avec un dimension tout de même personnelle. 
 Première chronique de ce genre donc, et je la dédie à : 


L’Histoire sans fin
( livre par Michael Ende et film par Wolfgang Petersen )



 Michael Ende publia en 1979 un roman sous le nom de Die Unedliche Geschichte qui devint par la suite un succès mondial. Considéré comme un roman pour la jeunesse, il a été et est toujours très apprécié par les adultes pour son inventivité et l’imagination foisonnante qui s’en dégage. A titre personnel, il m’a beaucoup rappelé l’univers de C.S. Lewis, Le monde de Narnia. Je crois que l’on peu affirmer sans trop d’hésitation que ceux qui ont aimé ce roman aimeront aussi celui ci, et je le hisserai sans trop de scrupule au même niveau que cet auteur anglophone mondialement reconnu. Mais chaque chose en son temps. Que nous raconte L’histoire sans fin ? 




L’Histoire sans Fin
Michael Ende
Edition Le livre de poche
498 pages

« Bastian, un garçon de dix ans, déroba un jour un livre ancien qui le fascinait et se réfugia au grenier pour le lire. Un livre pas comme les autres...Il y était question d'un pays fantastique où vivaient une toute petite impératrice, des elfes, des monstres, un garçon à la peau verte...Un pays menacé de mort et rongé par un mal étrange. Et voilà que Bastian, irrésistiblement entrait dans l'histoire, une histoire fantastique qui recommençait avec lui, L'Histoire sans fin... Le roman de Michael Ende est un plaidoyer passionné pour le droit de fantaisie, à l'imagination, un rêve, dans un monde où ils n'existent presque plus. »

 J’ai trouvé ce livre dans ma vieille bibliothèque et il a ravivé une foule de souvenir. J’ai tout de suite abandonné mes autres projets et j’ai entreprit la lecture de ce roman culte. Petite, je ne l’avais jamais fini, aussi j’ai eu le bonheur de le découvrir ce fut une joie absolue. 

Je n’aime guère ajouter de choses à ce genre de résumé. Il dit juste ce qu’il faut pour comprendre l’empleur du génie de cette histoire. C’est une mise en abîme. Un livre dans un livre. L’idée des livres magiques n’est pas nouvelle, mais dans ce cas on nous racontera scrupuleusement L’Histoire sans fin, le livre à l’intérieur du roman L’histoire sans fin que l’on tient soi même entre les mains. Voilà qui a de quoi donner mal à la tête …

 Dans la version originale ( allemande donc, et la version anglaise semble en avoir fait de même ) le récit était divisé en deux couleurs différentes. L’histoire de Bastien était écrite en Rouge et celle racontée dans le livre qu’il lit, en vert. Ça a toujours été une grosse déception que mon livre n’ai jamais eu cette particularité, et à ma connaissance aucune édition française n’a suivit cette typographie. 

 L’histoire est étonnante, extravagante, extraordinaire. C’est un foisonnement d’idée imaginative comme une bombe de peinture multicolore que l’on lancerait sur une toile blanche. Chaque idée semble plus géniale, plus inventive que la précédente. Certaines sont très drôles, certaines sublimes, d’autre dramatiques. Il y a tant à dire sur l’univers qu’on ne saurait par ou commencer et je m’abstiendrais d’en dire à ce sujet car je gâcherai forcément à quelqu’un le plaisir d’une découverte, et c’est exactement le sentiment que vous ressentirez en lisant : Celui d’un voyage, un véritable voyage comme ceux qui nous transportent rarement ainsi dans un récit, à travers un monde imaginaire aux paysages tous aussi surprenant les uns que les autres et aux personnages haut en couleur. 

L’histoire sans fin comporte différents personnages plus ou moins marquant. Mais deux d’entre eux dirigent l’intrigue : Bastian et Atréyu. La première partie est principalement centrée sur Atréyu et la seconde sur Bastian. Bien que Bastian ai la primauté en matière de personnage principal, Atréyu lui dispute volontiers sa place et je crois même que je le préfère à notre héros, tout particulièrement après la première moitié du roman. En effet dans la deuxième partie il changent radicalement, mais je ne peux l’expliquer sans trop vous en dire. 

 Il faut ensuite parler du style. Assez simple, puisqu’il est supposé s’adresser à un public jeune, mais il reste très agréable, travaillé, fouillé. On y retrouve souvent une petite phrase qui fait office de Leitmotiv et qui rappelle tout au long du livre que ce récit est bondé d’histoires « Mais cela est une autre histoire qui sera conté une autre fois ». Il est à la fois bien raconté et bien écrit, ce qui fait qu’un adulte est tout aussi bien transporté qu’un enfant et cède devant la beauté de l’univers décrit. 

 Mais ce qui fait le charme de L’Histoire sans fin, c’est aussi sa morale. Ou plutôt ses morales puisqu’il en comporte deux. La première est amenée dans la première partie du livre et correspond plus à une critique de notre monde moderne, de notre perception de l’imaginaire que nous avons. C’est ma préférée des deux car elle interroge directement le lecteur sur ses propres actions, sa propre manière de considérer l’imagination et comment elle façonne le monde. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle est amenée par l’ennemi d’Atreyu, un personnage hautement immoral.
 La seconde m’avait moins plu, sans doute parce qu’elle n’a pas la dimension universelle de la première. Elle est plus personnelle et concerne Bastian, mais également le lecteur en fin de compte. Elle reste bonne, et peut-être même aussi bonne que la première si ce n’est plus, mais la tension dramatique de la première partie qui me plaisait beaucoup a été évincée et elle manque beaucoup dans la suite du récit. 

 L’histoire sans fin est un livre magistral du début à la fin, un pilier de la littérature jeunesse et fantasy. Une lecture fluide et un texte sublime, un univers enchanteur et des personnages attachant. Il n’en faut pas plus pour faire un récit aussi prenant. S’en détourne qui pourra.







L’Histoire sans fin 

Wolfgang Petersen


« Depuis la mort de sa mère, Bastien, dix ans, s’est replié sur lui-même et s’est bâti un monde imaginaire nourri des romans d’aventures qu’il dévore. Un jour, il découvre dans la librairie du vieil excentrique M. Koreander un livre richement relié et intitulé " L’histoire sans Fin ", qui dérobe. Après s’être enfermé dans le grenier de l’école, il en commence la lecture. Dès les premières pages, Bastien se sent entraîné dans l’univers merveilleux et fantastique …

 Un superbe conte fantastique qui vous emportera au-delà de vos rêves les plus fous. Wolgang Petersen, le réalisateur de « En pleine Tempête », nous transporte grâce aux effet spéciaux dans un monde fantastique peuplés de créatures merveilleuses. »


 Chose étonnante - ou pas, la suite nous le dira - Michael Ende a détesté le film et a même demandé à ne pas apparaître dans le générique de début. On l’y a tout de même intégré dans le générique de fin. Le film dont je vais vous parlé est celui de 1984, les deux autres, pardon aux fans, ne méritent même pas qu’on en parle. 

Le support cinématographique a déjà enlevé un élément de par sa forme. Nous perdons le support du livre dans le livre. Inutile de le reprocher puisque c’était indéniable, mais le support de l’adaptation pose problème au thème de l’histoire elle même, puisque celle ci veut encourager les enfants à lire par la lecture même de cette histoire, ceci développant leur imagination, et que l’imagination est la colonne vertébrale du récit. Le roman condamnait sévèrement les nouveaux média et le film a suivit en se contentant de faire une remarque sur les jeux vidéos.

 C’est probablement une des raisons pour laquelle Michael Ende n’a pas aimé le film, bien qu’il en ai avancé d’autres. En effet, l’auteur trouvait l’adaptation trop éloignée de ce qu’il avait voulu représenter dans le livre. Il n’a pas tord. Il a beaucoup critiqué les décors et la trame narrative. Je comprend sa déception, lui qui  en était l’auteur.

 Cependant, le film, force est de constater, est excellent. Bien que radicalement différent du livre, plus par manque de moyen et de technologie avancée que par manque de volonté, n’en est pas moins intelligent, bien construit et se débrouille très bien avec les techniques de son temps pour rendre un film très beau, et encore aujourd’hui parfaitement regardable, quand certain films plus récents sont déjà usé par le temps de par leur rendu affreux. La représentation du néant était très bien trouvée ( ces gigantesque nuages qui sont sensé exercer une attraction sur nous et nous inquiéter tout à la fois ).

 Parmi les différences les plus marquantes, on note le découpage du récit. Il correspond au 230 premières pages du roman. Sa moitié, à peu de choses près. Personnellement, je vois ça comme une très bonne chose. Le roman prend une toute autre direction passé cette première étape. Aujourd’hui, les éditeurs auraient très probablement incité Michael Ende à le séparer en deux tomes. La première partie du roman, celle que j’avais lue, m’avait davantage intéressée que la deuxième et se suffit presque à elle même. 

 Ce film est très riche en émotion. Ne serait-ce que pour la fameuse scène dans les marécages de la mélancolie avec Artax. La musique aide beaucoup à faire ressentir le mystère, l’aventure, le drame des situations et leur donne encore plus de profondeur. Le personnage de Falchor ( Fuchur dans le roman ) a un caractère très appréciable. Là où il semble grave dans le roman, il a un attitude très douce, complice et presque paternelle avers Atreyu. Il est davantage considéré comme un ami que comme une simple monture. 

 Parlons en de la musique : elle est sublime. C’est une bande son typique des années 80, avec des son électroniques qui sonne un peu vieux de nos jours. mais le thème principal est superbe et évoque très bien l’aspect aventure, voyage, fantastique et épopée épique qui y sont représenté. 

 Par manque de moyen en sans doute de temps, de nombreux éléments ont été supprimés, alors qu’une grande partie du récit a déjà été amputé. Si toutes les représentations étaient magnifique une m’a déçue : celle de l’Oracle, très éloignée du livre qui ne demandait pas des moyens démentiel loin de là et qui, dans le film, faisait doublon avec la première porte. J’ai également regretté le fait que certaines explications ai été occultées. Des questions étaient toujours restée sans réponses à l’époque où je n’avais pas lu le livre, et je n’ai trouvé d’explication que par la lecture, là où une adaptation devrait se suffire à elle même. Un dernier point également, à la fin du film, le personnage de Bastian semble tomber dans les travers qu’il avait dépassé dans le livre. C’est une assez grosse déception. 


 Quoi qu’il en soit, tout ceci n’empêche pas au film de Petersen d’être excellent, un très bon divertissement et armé d’une sublime morale, avec des personnage attachants et hauts en couleurs. 





Impressions : Double coup de Coeur pour le livre et le film 



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