lundi 27 mai 2013

Zoo des chimères

Zoo des Chimères
Chantal Robillard
Argemmios éditions
103 pages



« C'est l’histoire d’un parc zoologique, situé – devinez où ? Pas sur Terre, en tout cas ! Surgit une tornade, tout est ravagé, alors on nomme une équipe en quête de rentabilité, et voici que le zoo se déglingue davantage encore et devient un très étrange parc à thème, où rien ne va se passer ainsi qu’on le prévoyait. Entrer dans l’esprit d’un loup, chevaucher le monstre du loch Ness, s’éprendre d’une licorne… Oui, dans Zoo des Chimères, le bizarre, le fabuleux mais aussi le danger vous attendent au détour des pages ! Un ouvrage pareil à une mosaïque, où se dissimulent des passages oulipiens à contraintes de formes. Des textes à lire… et à dire. »


 Je tiens tout d’abord à remercier l’auteure et l’artiste qui a réalisé la couverture ( Mathieu Coudray ) s’ils venaient à passer par là pour leurs magnifiques dédicaces. Comme vous vous en doutez, j’ai acheté ce roman aux imaginales et je ne voulais pas le rater. Le résumé était accrocheur, la couverture sublime et l’idée d’un récit en nouvelle Oulipo me tentait terriblement. C’était le premier livre de ma longue liste que j’ai trouvé sur les stands et je me suis jeté dessus, ce qui m'a permis de discuter avec l'écrivaine et j'ai été ravie de notre échange. J’en attendais beaucoup et je dois dire que mes attentes furent comblées. 

 Ce recueil est constitué de 28 nouvelles, bien que j’hésite à le présenter comme un recueil. En effet, les récits ne sont pas indépendants et, les uns après les autres, ils présentent l’état de ce zoo pour le moins particulier après une catastrophe. C’est un livre qui paraîtra déstabilisant pour ceux qui n’ont pas l’habitude de lire des nouvelles, et encore moins des nouvelles à contraintes. En effet, le mouvement Oulipo ( Ouvroir de Littérature Potentielle ) s’impose des contraintes d’écriture. Ainsi les textes sont soumis à des règles, telles que le lipogramme ou le tautogramme. J’ai même eu le plaisir d’en découvrir que j’ignorai totalement, comme la contrainte du prisonnier. Cela dit l’auteure donne toutes les indications à la fin du livre, vous pourrez donc vous y retrouver sans être spécialiste du mouvement. Certaines contraintes sont plus difficiles que d’autre à trouver mais c’est là aussi le jeu. 

 Ma seule crainte en matière de style était que cet excès de contrainte fasse du tord à la beauté de la langue, mais Chantal Robillard la maîtrise très bien. J’ai apprit qu’elle était conseillère pour le livre au ministère de la Culture et Chevalier des Arts et des Lettres ( Quelle classe ! ) ce qui m’a a demi-étonné, car le texte m’a semblé à la hauteur du prestige. Ce qui est d’autant plus plaisant c’est qu’au delà du titre on ressent une grande humilité. Les textes ont tendance à tourner en dérision quelques contes, n’hésitent pas à faire des références cinématographiques ( Star Wars en l’occurence ) et sont marqués par un humour excellent, car pour ma part j’ai beaucoup rit, ce qui pourra sans doute attirer les lecteurs les moins intéressés par un récit aux formes aussi originales. 

  Mais on ressent également ce que j’aimerai trouver plus souvent dans les oeuvres fantasy. Parfois en lisant un roman de ce genre j’aimerai y retrouver du sens, une philosophie, un sous-texte qui donne une dimension toute autre au roman, comme on peu en trouver dans les classiques. Ici, ce livre a dépassé toutes mes attentes car je n’attendais qu’un simple travail sur la langue. Il y a un petit message que je ne révélerai pas car j’ai été ravie de le découvrir à la fin, mais peut-être trouverez-vous dans ces récits, tout comme moi, des petites histoires qui poussent à réfléchir, sans vous orienter pour autant, ne cherchant pas réellement à imposer un point de vue mais davantage à éveiller une idée en vous, un dilemme, une contradiction qu’il vous faudra démêler par nous même. Peut-être ai-je été la seule à le percevoir ainsi, mais j’ai été ravie par cette invitation à la réflexion si discrète. 

Sans doute est-ce inutile de le préciser, mais ce livre est pour moi un énorme coup de cœur. Je ne doute pas qu’il ne plaira pas à tous, mais à ceux qui aiment la langue, les histoires courtes et les textes littéraires, je pense que j’aurai déjà éveillé votre curiosité. Ce livre est un bonbon à la menthe, un lecture pleine de fraîcheur, plaisante à souhait. Je suis très heureuse de l’avoir découvert et lui réserve une place d'honneur dans ma bibliothèque.


 Impression : Coup de Cœur







1 commentaire:

  1. Il est toujours agréable qu'une lecture devienne un coup de coeur.
    Participation ajouté !

    RépondreSupprimer